- gamberger
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1 ♦ V. intr. Réfléchir, méditer.2 ♦ V. tr. Calculer, combiner. ⇒ manigancer, mijoter. « on sait jamais ce qu'elles gambergent » (Queneau).⇒GAMBERGER, verbeArgotiqueA. — Emploi intrans. Méditer, réfléchir. Enfin j'avais gambergé ferme autour de ce petit déjeuner. J'avais même fini par décider qu'il aurait lieu à la terrasse des Deux Magots (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 83). Je me suis mis à gamberger (...) je tirais une goulée de pipe, j'éclusais une gorgée de gin; ça aidait beaucoup à la méditation (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 72).— Gamberger à. Réfléchir à. Moi qui vous cause, j'ai bien souvent gambergé à ces problèmes (QUENEAU, Zazie, 1959, p. 156).Rem. On relève chez Céline le sens « se promener ». Il s'était relevé... Il tenait pas assis... Il gambergeait de long en large (Mort à crédit, 1936, p. 655).B. — Emploi trans. Réfléchir à. Gamberger un coup, un fric-frac. Par la suite, j'ai gambergé leur turbin, j'ai pas été long à m'rendre compte qu'à c'truc-là [le baccara], le client n'a aucune chance (SIMONIN, BAZIN, Voilà taxi! 1935, p. 183).REM. 1. Gamberge, subst. fém., arg. Raisonnement, réflexion (cf. notamment GILB. 1971 et LE BRETON Argot 1975). 2. Gambergeur, -euse, adj. Qui gamberge. Notons que le vison se porte plus volontiers chez l'égérie, alors que Jeannot-lapin semble demeurer l'apanage de la perruche pesante, agrégative et finement gambergeuse (SIMONIN ds J. DAUVEN, Jean Cocteau chez les sirènes, Monaco, éd. du Rocher, 1956, p. 94).Prononc. : [
], (il) gamberge [
]. Étymol. et Hist. 1844 « compter » (Dict. complet de l'arg. employé dans « Les Mystères de Paris », p. 41); 1926 « réfléchir; calculer, combiner » (arg. des voyous ds ESN.); 1928 (LACASSAGNE, Arg. « milieu », p. 99). Orig. incertaine; var. de gomberger « compter » (1836, VIDOCQ, Voleurs, t. 1, p. 186) [déjà en 1835 « ne rien perdre » (RASPAIL, Réf. pénit., p. 2)], comberger « compter » (1836, VIDOCQ, loc. cit., p. 81), « réfléchir, calculer » (1899, NOUGUIER, Notes manuscr. Dict. Delesalle, p. 73) [déjà ca 1822 « se confesser » (M.H.B.D.S., suppl. dict. arg., p. 6)], qui serait une altération de compter par déformation arg. de la finale.
gamberger [gɑ̃bɛʀʒe] v. [CONJUG. bouger.]ÉTYM. 1926; « compter », 1844; var. de comberger, p.-ê. altér. de compter.❖♦ Argot familier.1 V. intr. Réfléchir, méditer. || Il commençait à gamberger et à s'imaginer le pire.1 Il gamberge sec et il a la rate qui se met à faire de l'esbroufe.San-Antonio, la Rate au court-bouillon, in Œ. compl., t. I, p. 226.2 Je gamberge un grand coup, comme on avale une rasade de gnole pour se donner du cran.San-Antonio, J'ai peur des mouches, in Œ. compl., t. I, p. 322.2 V. tr. Calculer, combiner. || Gamberger un coup.♦ Penser à (qqch.).3 — Ces bêtes-là, déclara Gridoux, on sait jamais ce qu'elles gambergent.R. Queneau, Zazie dans le métro, Folio, p. 144.3 Trans. ind. (avec de et l'inf.). || « Je gambergeais de les emmener… » (A. Sarrazin, la Cavale, p. 69). ⇒ Projeter, songer (à).❖DÉR. Gamberge.
Encyclopédie Universelle. 2012.